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Amener la science sur la scène politique

La cérémonie du 60e anniversaire du CERN s’est dérouléele lundi 20 octobre en face du siège de l’Organisation des Nations Unies à New York

« Alors ils forgeront de leurs épées des hoyaux, et de leurs lances, des serpes ; une nation ne lèvera plus l'épée contre l'autre, et on n'apprendra plus la guerre. » Ésaïe, chapitre 2, verset 4.

Tel est le message que l’on peut lire sur le célèbre mur du parc Ralph Bunche, en face du siège de l’Organisation des Nations Unies à New York, sur la 1ère avenue, là où s’est déroulée la cérémonie du 60e anniversaire du CERN, le lundi 20 octobre. J’ai repris cette phrase dans mon allocution d’ouverture, tant elle illustrait parfaitement le thème de cette journée : « 60 ans de science au service de la paix et du développement ».

Le CERN ayant le statut d’observateur auprès de l’Assemblée générale des Nations Unies, l’événement a été organisé avec le Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) et, même s’il a donné la part belle à notre Organisation, son objectif était bien plus large. Les discours ont cité le CERN en exemple pour souligner l’importance vitale de la science en général pour la paix et le développement.

La célébration était présidée par Martin Sadjik, président d’ECOSOC, et nous avons eu le privilège d’entendre à la fois le Secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon, qui a encouragé le CERN à renforcer ses liens avec le système des Nations Unies, ainsi que le Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, Sam Kutesa, ce qui n’est pas rien. Les représentants permanents de la France et de la Suisse auprès des Nations Unies se sont également exprimés. Parmi les principales interventions, citons celle de Carlo Rubbia, ancien directeur général du CERN, qui a ouvert le bal avec une remarquable description de l’aventure scientifique : « La science est l’œuvre d’une vaste communauté. Elle passe par un échange libre d’idées. » Un sentiment partagé par la ministre de la Science d’Afrique du Sud, Naledi Pandor, qui a déclaré : « Les recherches scientifiques menées au CERN et avec le télescope SKA peuvent rassembler les nations pour mettre en commun les ressources et les talents. »

Et Hitoshi Murayama de poursuivre : « La science est un véritable outil pour la paix. Elle permet de faire fi de nos différences. » Membre du Comité des directives scientifiques du CERN et professeur à l’Université de Tokyo et à l’Université de Californie, Berkeley, il parle en connaissance de cause ! Dans son allocution, Kofi Annan a souligné l’importance de la science pour le développement, en particulier dans les pays en développement, et a rendu hommage au CERN en déclarant : « Le CERN repousse les frontières de la connaissance humaine pour nous permettre de comprendre notre Univers ». Une idée reprise par Fabiola Gianotti : « Comme en témoigne l’histoire du CERN, la science encourage et favorise la connaissance, le développement, l’éducation et la paix. » Alors que la cérémonie touchait à sa fin, la Directrice générale de l’UNESCO, Irina Bokova, n’a pas tari d’éloges sur le CERN : « Il est des idées qui ont radicalement changé le cours de l’histoire, a-t-elle déclaré. Le CERN est l’une d’entre elles. »

Cette manifestation avait pour objectif de donner une place à la science sur la scène politique - une place indispensable si nous voulons surmonter les grands défis auxquels notre société doit aujourd'hui faire face. Au vu des mots de clôture de Martin Sajdik, je pense que ce but a été atteint : « Nous avons réaffirmé aujourd’hui que la science est une source importante de bien. Responsables politiques du monde entier, prenez-en bonne note ! »