À l'approche du printemps, le complexe d'injecteurs se réveille après un arrêt technique hivernal relativement court, mais efficace.
Le 14 février, des ions H- ont à nouveau été accélérés à 160 MeV dans le Linac 4, puis acheminés vers le Booster. Le faisceau a été injecté dans le Booster avec un peu d'avance, le vendredi 18 février. Il est prévu de commencer l'exploitation pour la physique à ISOLDE, à n_TOF et dans la zone Est le 28 mars, après la remise en service du Booster, du PS et des installations. Avec la mise en service progressive du PS et du SPS, la physique reprendra dans les expériences de la zone Nord et de l'AD-ELENA pendant la dernière semaine d'avril.
Tous les secteurs du LHC sont maintenant mis en froid, après la remise à température ambiante qui a été opérée avant Noël, et après le remplacement pendant l'arrêt technique hivernal du module enfichable présentant des doigts RF tordus dans le secteur 2-3. Certaines activités résiduelles relevant de l'arrêt hivernal sont encore en cours dans le tunnel, mais l'équipe de coordination a passé le relais à l'équipe Opérations du LHC le 15 février. Les opérations d'assurance qualité électrique ayant été achevées dans tous les secteurs, sauf le secteur 2-3, les efforts portent maintenant sur la campagne de test de l'alimentation électrique de tous les circuits des aimants, qui prévoit quelque 8 000 tests en tout. Tout devrait être prêt dans le secteur 2-3 pour lancer l'entraînement final des dipôles à 6,8 TeV fin mars, moment où commenceront les opérations d'entraînement des aimants et de vérification de la machine.
La mise en service des autres systèmes de l'accélérateur (radiofréquence, collimation, instrumentation de faisceau, arrêt et injection de faisceau, amortissement transversal, vide, etc.) est également en cours. Parallèlement, toutes les expériences LHC poursuivront leurs derniers préparatifs, avec des délais exigeants.
La mise en service du faisceau du LHC au moyen de protons à 450 GeV devrait commencer le 11 avril, et les collisions à 450 GeV par faisceau sont attendues vers le 10 mai. Les faisceaux stables, avec des collisions à 6,8 TeV par faisceau et le nombre de paquets nominal sont prévus pour le 15 juin. Cela sera suivi d'une augmentation progressive du nombre de paquets, l'objectif pour cette année étant environ 2 700 paquets par faisceau. Après le long arrêt, il faudra faire face au problème du nuage d'électrons, et il faut s'attendre à des opérations de nettoyage prolongées. Les objets tombant non identifiés (dits « UFO ») pourraient également entraver les opérations au moment de lancer la troisième période d'exploitation.
L'arrêt de l'accélérateur a été long, et ce sera avec beaucoup d'enthousiasme, et un certain soulagement, que nous allons attaquer la troisième période d'exploitation. L'essai avec faisceau d'octobre dernier a montré que les choses se passent bien, mais il reste du chemin à parcourir ; il ne faut pas sous-estimer l'envergure du projet LHC !
Pour la suite, le Conseil du CERN a approuvé en décembre un calendrier à long terme révisé pour le LHC, qui s'appuie sur les recommandations du Comité des expériences LHC (LHCC) et du Comité consultatif pour les machines du CERN (CMAC). La troisième période d'exploitation nous mènera maintenant jusqu'à la fin de 2025, et le troisième long arrêt durera trois ans au lieu des deux ans et demi initialement prévus. Ce report du troisième long arrêt permettra d'absorber les retards liés à la pandémie et de mener à bien de façon efficace les travaux de construction prévus dans le cadre du programme HL-LHC et des améliorations de phase 2 des expériences ATLAS et CMS.
Les deux années qui viennent de s'écouler ont eu leur lot de défis, et, dans ces circonstances, les progrès réalisés sur tous les fronts sont vraiment remarquables. Voilà qui ouvre la voie à une nouvelle année de succès pour les injecteurs et pour le début de la troisième période d'exploitation du LHC.