Le 14 janvier, j'ai présenté, à l'occasion de la traditionnelle allocution de début d'année, dans l'amphithéâtre principal, et aux côtés des autres membres de la Direction, un tour d'horizon de l'année 2019 et un aperçu de l'année à venir.
L'un des points marquants de l'année a été le deuxième long arrêt (LS2), avec toutes les activités complexes qui en découlent. Le LS2 s'est déroulé selon notre devise : sécurité d'abord, qualité ensuite, respect des délais enfin. Objectif atteint sur les trois plans ! Le projet d’amélioration des injecteurs du LHC (LIU) est désormais achevé à plus de 80 %. Lorsque commencera, en avril de cette année, la mise en service du complexe d'accélérateurs grandement amélioré, le Linac 4 sera le premier maillon de la chaîne des accélérateurs de protons. Le booster du PS fonctionnera à une énergie plus élevée, 2 GeV au lieu de 1,4 GeV, le PS sera doté de nouveaux systèmes d'injection et de rétroaction et le SPS disposera d'un nouveau système radiofréquence alimenté par un système innovant d'amplificateurs à transistors.
Les préparatifs pour le LHC à haute luminosité (HL-LHC), dans tous ses aspects, depuis le génie civil jusqu'aux aimants, ont également occupé une place importante en 2019. La partie de la machine qui recevra de nouveaux composants représente une longueur d'environ 1,2 kilomètres. Une des réalisations à souligner est la construction et la qualification pour installation d'un aimant dipôlaire de 11 teslas, utilisant un supraconducteur niobium-étain (Nb3Sn). Les travaux de génie civil effectués aux points 1 et 5 pour l'excavation des tunnels et des cavernes de service souterraines destinées à accueillir les composants du HL-LHC sont terminés à 80 %. Le calendrier de réalisation et le coût à l'achèvement du HL-LHC et des expériences associées ont été révisés fin 2019. Le HL-LHC connaît un dépassement de coût d'environ 4 %, du fait d'une augmentation des dépenses pour les travaux de génie civil, et de la nécessité de prévoir des éléments de protection de la machine supplémentaires. Les expériences souhaiteraient disposer de plus de temps pour achever leurs améliorations. C'est pourquoi le LS2 a été prolongé de deux mois, et le LS3 a été repoussé d'un an, ce qui laissera à ATLAS et à CMS le temps de parachever leurs améliorations de phase 2 tout en maximisant la luminosité intégrée accumulée lors de la troisième période d'exploitation.
L'année 2019 a vu la publication de magnifiques résultats de physique couvrant tout le spectre du programme scientifique du CERN, depuis le LHC jusqu'aux expériences à cible fixe. Au LHC, l'observation et la mesure de la production de paires de boson Z dans la fusion de bosons vecteurs ont été un moment fort pour ATLAS ; quant à l'expérience CMS, elle a notablement étendu les limites relatives à la nouvelle physique, par la recherche de résonances di-jet à masse élevée. L'expérience LHCb a été la première à observer une violation de CP dans la désintégration d'hadrons charmés. ALICE, de son côté, a mesuré la durée de vie d'une particule exotique appelée hypertriton, dont l'étude pourrait donner un aperçu des interactions survenant au cœur des étoiles à neutrons. Parmi les faits marquants pour le programme des expériences à cible fixe, on peut citer l'étude par NA62 d'une désintégration extrêmement rare, K+ → π+νν, ainsi que de nouveaux résultats de NA64 sur la recherche de photons noirs au niveau de l'absorbeur de faisceau. Ces deux résultats constituent des voies prometteuses pour la recherche d'une nouvelle physique, qui viennent en complément des expériences menées auprès de collisionneurs à haute énergie. Il ne s'agit là que de quelques exemples d'une année extrêmement productive sur le plan scientifique.
Avec l'équivalent de 860 000 cœurs de processeurs en fonctionnement continu, l'infrastructure de calcul WLCG a battu de nouveaux records en 2019, annonçant ainsi un prochain changement de paradigme. L'évolution des ressources actuelles suffira pour la troisième période d'exploitation, mais le HL-LHC demandera deux à trois fois plus de capacité de calcul. Pour y faire face, des projets commencent à se déployer, dans le cadre de la Fondation HSF (HEP Software Foundation), de la collaboration WLCG et des expériences, pour mettre au point de nouvelles architectures pour la gestion et le traitement des données, ainsi que de nouveaux modèles informatiques visant en particulier la réduction des volumes de données, et développer le traitement multifil, les logiciels portables et d'autres approches innovantes.
L’année 2020 sera celle de la mise à jour de la stratégie européenne pour la physique des particules. À la suite du symposium tenu à Grenade en mai 2019, le Groupe sur la stratégie européenne n'a pas chômé, et a fini d'élaborer ses recommandations au Conseil au cours d'une réunion tenue à Bad Honnef, en Allemagne, la semaine dernière. Le Conseil devrait examiner ces recommandations en mars et approuver la stratégie mise à jour lors d'une réunion spéciale à Budapest le 25 mai.
Voilà quelques-uns des sujets abordés lors de la présentation au personnel. Vous trouverez encore plus d'informations dans la vidéo et dans le diaporama, disponibles ici, qui décrivent maints aspects de la vie et du travail au CERN, allant du plan à moyen terme jusqu'à l'examen quinquennal des conditions financières et sociales des membres du personnel, sans oublier les enquêtes menées auprès des titulaires et des boursiers, et l'état d'avancement du projet de Portail de la science. Quand je considère cette année écoulée, je suis impressionnée par tout ce que vous avez réalisé en à peine douze mois. Soyez-en chaleureusement remerciés !