La 27^e édition de la Conférence internationale sur la technologie des aimants, qui s’est tenue à Fukuoka (Japon), du 15 au 19 novembre, a été un événement marquant pour la communauté de la supraconductivité au CERN. Amalia Ballarino, à la tête depuis de nombreuses années des travaux menés par le CERN pour développer des supraconducteurs et des dispositifs innovants en vue d’applications dans des accélérateurs de l’Organisation, a reçu de l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers) le prix James Wong pour des contributions durables et notables aux applications de la technologie des matériaux supraconducteurs. Le nom du lauréat avait été annoncé en juillet dernier ; la cérémonie a eu lieu le 18 novembre.

L’IEEE a souligné le rôle joué par Amalia Ballarino dans les programmes de R&D qui ont permis d’établir le rôle essentiel du diborure de magnésium (MgB₂) et des supraconducteurs à haute température pour des applications dans les accélérateurs. Ces travaux ont mené à l’adoption à l’échelle mondiale des supraconducteurs en MgB₂ et à haute température et ouvert la voie au développement et à l’utilisation du MgB₂ dans les systèmes de transmission adaptés à des intensités très élevées. L’IEEE a également souligné la volonté d’Amalia Ballarino de rapprocher la recherche et l’industrie, comme en témoignent sa participation au développement et à la production de systèmes innovants à l’échelle industrielle, et ses travaux de R&D sur les supraconducteurs (niobium-titane, niobium-étain, MgB₂ et haute température) pour les futurs accélérateurs de particules.

Amalia Ballarino a rejoint le CERN en 1995 alors en tant que doctorante pour travailler sur l’application des supraconducteurs à haute température dans les amenées de courant, une véritable innovation à l’époque. Par la suite, elle a été responsable des milliers d’amenées de courant qui alimentent les aimants supraconducteurs du Grand collisionneur de hadrons (LHC). Une fois la mise en service du LHC achevée, Amalia Ballarino et son équipe se sont tournés vers le développement de systèmes de transfert en MgB₂ pour le LHC à haute luminosité (HL-LHC), ce qui leur a valu de faire la une en 2020 pour l’établissement d’une transmission d’intensité record (110 kA, soit 55 kA dans chaque direction) sur une liaison de 60 m. En parallèle, l’équipe travaillait également sur le développement et l’achat des supraconducteurs basse et haute température de pointe pour les aimants du HL-LHC.

Le développement du MgB₂ pour des applications pratiques et l’utilisation ingénieuse de câblages filaires dans un système de transmission ont rendu possible la liaison supraconductrice - une réelle prouesse technologique. Le MgB₂, matériau récemment découvert, transmet un courant électrique élevé à une température plus importante que les supraconducteurs basse température traditionnels (jusqu’à 31 K, -242 °C), permettant de réduire nettement les coûts d’exploitation et d’accroître le potentiel de transfert de la technologie. Ce type de liaison, capable de transférer un courant très élevé dans un faible volume, pourrait par exemple être utilisé pour alimenter en électricité de grandes métropoles, ou même pour relier des sources d’énergie renouvelable à des bassins de population. Ce type d’application pourrait être associé à un refroidissement par hydrogène liquide.

Amalia Ballarino est la première experte du CERN à recevoir le prix James Wong de l’IEEE pour ses travaux pionniers sur les supraconducteurs. Elle vient rejoindre les rangs des experts du CERN ayant été récompensés par l’IEEE – à savoir Daniel Leroy, Lucio Rossi, Herman ten Kate, Robert Aymar, Arnaud Devred et Luca Bottura – ce qui fait du CERN l’institution la plus récompensée par l’IEEE.

Pour en savoir plus sur le travail d’Amalia Ballarino, lire l’article du CERN Courier qui lui est consacré.