L’expérience CMS
CMS (Compact Muon Solenoid) est un détecteur de particules polyvalent auprès du Grand collisionneur de hadrons (LHC). Il a été conçu pour explorer un large éventail de domaines de la physique, allant de l'étude du Modèle standard (et notamment du boson de Higgs) à celle de dimensions supplémentaires, en passant par la quête des particules qui pourraient constituer la matière noire. Bien que ses buts scientifiques soient les mêmes que ceux de l’expérience ATLAS, il a recours à d’autres solutions techniques et à un système magnétique de conception différente.
Le détecteur dans son ensemble mesure 21 mètres de long, 15 mètres de large et 15 mètres de haut. L’expérience CMS est l’une des plus grandes collaborations scientifiques internationales qui ait jamais existé. Elle compte environ 5 500 collaborateurs (physiciens, ingénieurs, techniciens, étudiants et personnel d’appui), représentant 241 instituts de 54 pays (mai 2022).
Améliorations réalisées pendant le LS2
1. Tube de faisceau
Pendant le LS2, la collaboration CMS a remplacé le tube de faisceau long de 36 m. L'alliage d’aluminium utilisé pour le nouveau tube de faisceau réduit la radioactivité induite d’un facteur 5 par rapport à l’acier inoxydable dont était fait l’ancien tube de faisceau.
Un nouveau groupe de pompage de vide a été installé, à 16 m du point d’interaction. Cette distance accrue par rapport au détecteur facilitera la maintenance. Huit nouvelles chambres à vide de quatre types différents ont été installées.
2. Détecteur à pixels
Dans CMS, le détecteur à pixels est le sous-détecteur le plus proche du point d’interaction, où les faisceaux de protons entrent en collision. Il permet de reconstituer les trajectoires des particules de haute énergie portant une charge électrique, et d’enregistrer la désintégration des particules à très courte durée de vie. Il est composé de couches concentriques constituées de 1 800 petits modules en silicium. Chaque module contient environ 66 000 pixels individuels, ce qui fait plus de 120 millions de pixels au total.
Le détecteur à pixels étant situé très près du point d’interaction, il subit de nombreux dommages liés aux rayonnements causés par les collisions de particules. Même s’il est maintenu à -20 °C pour le protéger des radiations, il subit néanmoins des dommages. C’est pourquoi le sous-détecteur a fait l’objet de réparations et d’améliorations importantes, menées à bien dans la salle blanche. La conception a été améliorée et la couche la plus centrale remplacée.
3. BRIL
Trois instruments de mesure de la luminosité et de contrôle des conditions du faisceau (Instrumentation de faisceau, rayonnement et luminosité) ont été installés : un système de surveillance des conditions du faisceau dit « rapide » (BCM1F – Beam Condition Monitor « Fast »), un système de surveillance des conditions du faisceau pour les pertes (BCM1L – Beam Condition Monitor for Losses), et le télescope à luminosité à pixels (PLT). Les trois sous-systèmes BRIL représentent une nouvelle « génération » dans l’évolution de la conception de ces instruments.
Les instruments BRIL mesurent le taux de collisions en temps réel afin d'optimiser le taux de déclenchement et la qualité des faisceaux fournis par le LHC. Ils évaluent en continu l’état du faisceau pour protéger le LHC et les sous-détecteurs de CMS, qui sont très sensibles. Enfin, les mesures de luminosité agrégées qu’ils produisent permettent de connaître la fréquence escomptée de chaque type d'interaction (section efficace de production).
4. Calorimètre hadronique
Le calorimètre hadronique (HCAL) de la partie tonneau du détecteur mesure l'énergie des particules issues des collisions au LHC. Il détecte la lumière produite lorsque les particules interagissent avec les tuiles de scintillateur et mesure la quantité de lumière à l'aide d'un photodétecteur. Pendant le LS2, de nouveaux systèmes électroniques ont été installés sur les détecteurs ; les photodétecteurs hybrides (HPD) ont notamment été remplacés par de nouveaux photomultiplicateurs au silicium (SiPM), qui présentent une efficacité trois fois plus grande pour la détection des photons et un gain 200 fois plus élevé.
4. Aimant solénoïde
L'aimant central du détecteur CMS est un aimant solénoïde cylindrique mesurant 6 mètres de diamètre et 1,25 m de long, et pesant 200 tonnes. Il est refroidi à une température de -269 °C (4 K), ce qui le rend supraconducteur, et fournit un champ magnétique pouvant atteindre 4 teslas.
L'aimant de CMS a subi des interventions d’envergure afin que son efficacité soit maximale sur le long terme. Les systèmes de contrôle et de sécurité ont été refaits et une partie de l'électronique a été entièrement renouvelée.
Un nouveau système d'alimentation a été déployé pour la maîtrise du passage du courant dans l'aimant. Auparavant, pour que l'aimant retrouve son champ nominal après une coupure d'alimentation, il fallait des heures – autant de temps perdu pour la détection de collisions de particules. Grâce à ces améliorations, quelques minutes suffiront à l'avenir, ce qui représente un vrai gain pour la recherche.
5. Détecteurs multiplicateurs d'électrons dans le gaz (GEM)
De nouveaux multiplicateurs d'électrons dans le gaz ont été installés dans la couche la plus extérieure du détecteur CMS. Ils servent à détecter les muons qui fusent à un angle d'environ 10° par rapport à l'axe du faisceau. Mesurer les muons aussi près de l'axe du faisceau est en soi un défi compte tenu du grand nombre de particules émises à cet endroit.
Les chambres GEM sont composées d'une fine feuille de polymère métallisée, percée par des moyens chimiques de millions de trous, généralement 50 à 100 par millimètre, immergée dans du gaz. Lorsque les muons traversent ces chambres, les électrons dégagés par le gaz dérivent vers les trous, se multiplient dans un très fort champ électrique, et arrivent dans une zone où ils sont recueillis.
Au total, 72 modules, contenant deux multiplicateurs d'électrons dans le gaz, ont été insérés dans le détecteur CMS.
7. Chambres à rubans cathodiques
Pour les chambres à rubans cathodiques (CSC) servant à la détection des muons, qui sont installées dans la région à petits angles du système à muons, le passage au LHC à haute luminosité pose des défis de taille.
Pour tolérer l'augmentation de luminosité instantanée (fréquence de collision des protons), l'électronique des chambres à rubans cathodiques devait être mise à niveau. Un système électronique novateur doté de fibres optiques à haut débit et de processeurs plus puissants pourra désormais traiter de plus grandes quantités de particules, sans perte de données.