Né en 1935, Philippe Bernard achève ses études à la prestigieuse École supérieure d'électricité en 1956. En 1962, il commence à travailler au CERN en tant qu'ingénieur en chef chargé du Synchrotron à protons (PS). Ensuite, il travaille à la conception et au développement des séparateurs radiofréquence (RF), apportant des contributions notables à l'amélioration de ces dispositifs, qui permettent de sélectionner des faisceaux secondaires. Ces technologies se sont avérées particulièrement importantes au début des années 1970 pour les expériences, avec la chambre à hydrogène de 2 m au CERN, la chambre Mirabelle, construite à Saclay, opérant à l'Institut de physique des hautes énergies à Serpoukhov (URSS) et la Grande chambre à bulle européenne (BEBC) au CERN.
Déjà, avec ces séparateurs, il avait compris le potentiel de la supraconductivité pour les structures RF. C'est pourquoi John Adams l'avait chargé, conjointement avec Herbert Lengeler, en 1978, de développer des cavités RF pour les accélérateurs du CERN. Grâce à un programme dynamique, appuyé par une équipe internationale, il a été possible de développer des cavités à cinq cellules, tout d'abord en niobium pur, puis, par la suite, des cavités présentant un revêtement niobium pulvérisé sur un substrat cuivre, plus stable, afin d'obtenir des unités robustes. C'est ainsi qu'il a été possible d'atteindre des champs d'accélération allant jusqu'à 7 MV/m.
Après des essais de prototypes auprès de l'accélérateur Petra (DESY) et du Supersynchrotron à protons (SPS), 320 de ces cavités ont été produites pour le Grand collisionneur électron-positon (LEP), au moyen d'une technologie qui recourait à un revêtement niobium. Dans le cadre du programme d'amélioration, commencé en 1987, ces cavités ont été ajoutées progressivement au stock existant de cavités résistives, qui ont été en partie remplacées. Cela a permis une augmentation de l'énergie des faisceaux d'électrons et de positons, qui est passée de 46 GeV en 1989 à 104 GeV en 2000. Après cette réussite, à la fin des années 1990, Philippe s'est intéressé de près à la conception et au développement d'un système de cavités supraconductrices couplées destiné à servir de détecteur d'ondes gravitationnelles.
Philippe participait également à de nombreuses activités concernant l'ensemble du CERN ; il a notamment présidé le Comité de suivi de la politique des achats et a été président du Régime d'assurance maladie du CERN (CHIS). Il a également été président et vice-président du Groupement des anciens du CERN (GAC) pendant une période critique.
Son ouverture d'esprit, sa largeur de vues et ses compétences techniques solides ont fait de lui un leader reconnu. Son attitude à la fois critique et réfléchie en faisait un partenaire respecté pour la Direction du CERN. Son engagement auprès du Régime d'assurance maladie du CERN et son action en faveur d'améliorations à long terme des conditions sociales pour le personnel du CERN et de l'ESO étaient largement reconnus et très appréciés. Nous garderons le souvenir d'un collègue généreux, spirituel et dynamique.
Ses amis et collègues