Günther Plass, ancien directeur des accélérateurs, s'est éteint le 11 décembre 2020, à l'âge de 90 ans. Günther a contribué de façon décisive au développement et au bon fonctionnement de nombre des grandes installations du CERN. Après des études à l'Université technique de Berlin-Charlottenburg, et après un bref détour par un laboratoire d'aimants industriels en Allemagne, il rejoint le CERN en 1956, et il participe à la construction du Synchrotron à protons (PS) en tant que membre du groupe des aimants. Au fil des ans, il apporte des contributions importantes à l'amélioration du complexe du PS, qui constitue encore à ce jour le cœur de la chaîne d'accélérateurs du CERN. Avec Berend Kuiper, il développe le nouveau système d'éjection rapide de la machine, qui a révolutionné l’exploitation du PS en 1963, et permis au premier véritable faisceau de neutrinos de tirer parti des cornes magnétiques conçues par Simon van der Meer. Günther était à l'époque responsable de l'infrastructure de Gargamelle, la chambre à bulles dans laquelle les courants neutres devaient être découverts par la suite. En tant que chef du groupe de l'anneau du synchrotron, il élabore le vaste programme d'amélioration du PS, lancé en 1965.
Plus tard, en 1978, il supervise la construction du nouveau Linac 2, qui a fourni fidèlement des protons aux installations du CERN pendant 40 ans, jusqu'à ce qu'il soit remplacé par le Linac 4 en 2018. Günther Plass a également laissé son empreinte en tant que membre du comité d'étude du SPS ; c’est lui qui a suggéré, avec Colin Ramm, la construction de l’accélérateur près du site de Meyrin en 1961 déjà, c'est-à-dire bien avant qu’une décision finale sur le sujet ne soit prise en 1970.
Une fois lancé avec succès, le programme proton-antiproton a suscité un vif intérêt pour l'utilisation d'antiprotons de basse énergie. En 1980, Günther est l’un des partisans de l'anneau d'antiprotons de basse énergie (LEAR) qui, après avoir été transformé en anneau d’ions de basse énergie (LEIR), constitue aujourd'hui un élément clé du programme ions du LHC. Günther a montré toute la mesure de son talent de leader et de chef d’orchestre à partir de 1981, en tant qu'adjoint d'Emilio Picasso, chef de projet du LEP, puis, dès 1983, comme chef de la division LEP. Ses contributions au LEP sont nombreuses : il réussit notamment à optimiser l'emplacement du tunnel de 27 km de long malgré les contraintes géologiques et environnementales de la région, prend en charge la planification pendant sa construction en tenant compte des exigences des expérimentateurs, formulées le plus souvent à la dernière minute, et arbitre les différends avec des entreprises contractantes intraitables. Nommé directeur des accélérateurs en 1990, Günther apporte un appui résolu à la montée en énergie du LEP au moyen de cavités supraconductrices, projet adopté sous son impulsion ; c’est ainsi que la machine a pu passer de l’énergie du Z° à une énergie bien supérieure à la masse de la paire de particules W. Il a également vivement encouragé des études qui assureraient le futur du CERN, notamment celles sur le LHC et le CLIC.
Les succès de Günther s'expliquent par sa modestie, sa patience et sa capacité d'écoute, son esprit ouvert et calme face à l'adversité, et par sa capacité à identifier les points essentiels et les bonnes personnes pour réaliser telle tâche ou tel projet. Nous présentons nos plus sincères condoléances à sa famille.
Ses collègues et amis