Lorsqu’il est en exploitation, le Grand collisionneur de hadrons (LHC) fait entrer en collision, plusieurs semaines par an, non pas des protons, mais des noyaux d’éléments lourds, autrement dit des ions lourds. Les collisions d’ions lourds permettent aux chercheurs de recréer en conditions de laboratoire ce qui existait dans l’Univers primordial, notamment le « plasma quarks-gluons », cet état de la matière semblable à une soupe de quarks et de gluons en liberté. Pour la première fois, la collaboration CMS (Compact Muon Solenoid) du CERN rend maintenant publiques ses données sur les ions lourds via le Portail de données ouvertes du CERN.
Plus de 200 téraoctets (To) de données ont été publiées en décembre à partir des collisions des paquets de noyaux de plomb produites au LHC en 2010 et 2011. En utilisant ces données, CMS avait observé plusieurs signatures du plasma quarks-gluons, notamment le déséquilibre entre les impulsions de chaque jet de particules produites dans une paire, l’atténuation de jets de particules dans des paires jet-photon et la « fusion » de certaines particules composites. Outre des données de collisions plomb-plomb (deux ensembles de données de 2010 et quatre de 2011), CMS a également fourni huit ensembles de données de référence issues de collisions proton-proton enregistrées à la même énergie.
Les données ouvertes sont disponibles dans le même format, de haute qualité, que celui utilisé par les scientifiques de CMS pour publier leurs articles de recherche. Les données sont assorties du logiciel nécessaire pour les analyser, ainsi que d’exemples d’analyses. Précédemment, des données ouvertes de CMS avaient été utilisées à des fins pédagogiques mais aussi pour la réalisation de nouvelles recherches. CMS espère que le monde de la recherche comme les amateurs de physique, et aussi les enseignants et leurs étudiants de tous niveaux, feront le même usage de ces données sur les ions lourds.
« En rendant publiques les données de CMS sous le régime de la licence Creative Commons (CC0), nous entendons préserver nos données et le savoir-faire nécessaire pour les exploiter, mais aussi faciliter l’utilisation la plus large possible de nos données, explique Kati Lassila-Perini, qui dirige le projet de données ouvertes de CMS depuis son lancement en 2012. Nous espérons que le public sera aussi intéressé et enthousiaste que nous ! »
CMS s’est engagée à publier 100 % des données enregistrées chaque année au terme d’une période d’embargo de dix ans, jusqu’à 50 % de ces données étant mises à la disposition du public dans l’intervalle. Grâce à l’embargo, les scientifiques qui ont construit et qui exploitent le détecteur CMS disposent de suffisamment de temps pour analyser les données recueillies. À présent, toutes les données de recherche enregistrées par CMS lors des exploitations de 2010 et 2011 du LHC sont dans le domaine public, et toute personne qui le souhaite peut les étudier.
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Pour en savoir plus sur cette publication de données ouvertes de CMS, consultez la page correspondante sur le Portail des données ouvertes du CERN : opendata.cern.ch/docs/cms-completes-2010-2011-pp-data